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Quel est le rôle du réchauffement climatique sur la puissance des cyclones ?

Le réchauffement climatique a des conséquences sur la majorité des phénomènes météorologiques. Les cyclones tropicaux n'y échappent pas. Sont-ils vraiment plus nombreux et plus puissants ? Notre article vous répond.

 

Pas plus de cyclones mais des cyclones plus violents

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le réchauffement climatique n'engendre pas d'augmentation significative des tempêtes tropicales ou cyclones sur Terre. Le graphique ci-dessous montre le nombre de tempêtes tropicales (en rouge) et de cyclone (en bleu) enregistrés sur 12 mois glissants de 1970 à nos jours. On constate qu'il y a toujours eu une fluctuation, correspondant à la variabilité naturelle, mais qu'il n'y a aucune tendance de fond vers une hausse. Dire que le réchauffement augmente la fréquence des cyclones tropicaux est donc faux, même si ce raccourci est souvent fait dans la presse. Les experts indiquent que le réchauffement tend à amplifier le cisaillement des vents, chose que n'apprécient pas du tout les cyclones tropicaux et qui explique pourquoi leur nombre ne croît pas.

Nombre de cyclones sur Terre par an de 1970 à 2025 - via @RyanMaue

 

 

Si la fréquence des cyclones n'augmente pas, ce n'est pas le cas de leur intensité. En effet, le réchauffement climatique tend à augmenter de manière assez significative la fréquences des cyclones de forte intensité (catégorie 3, catégorie 4 ou catégorie 5). Sur le graphique ci-dessous, valable pour le bassin Atlantique, on constate que ces ouragans dit "majeurs" sont beaucoup plus fréquents depuis la fin des années 1990 et au XXIème siècle. D'ailleurs, l'année 2025 compte 3 ouragans de catégorie 5 (Erin, Humberto et Melissa). Auparavant, ce n'était arrivé qu'en 2005 avec 4 ouragans de catégorie 5 (Wilma, Rita, Emily et la célèbre Katrina). Au siècle dernier, les ouragans de catégorie 5 étaient rares et en observer plusieurs sur une même saison n'arrivait quasiment jamais.

Fréquence des ouragans de catégorie 3, catégorie 4 et catégorie 5 sur l'Atlantique depuis un siècle - BBC

 

 

Air et mer plus chauds = plus de carburant pour les cyclones

L'augmentation de la température à la surface de la Terre s'applique autant à l'air qu'à l'eau. Or, on sait que les cyclones tropicaux se nourrissent de l'évaporation des eaux chaudes de la mer pour s'intensifier et s'entretenir. Idéalement, il faut que la température à la surface de l'océan dépasse les 26°C pour assurer au cyclone une alimentation suffisante en vapeur d'eau afin qu'il se développe. Depuis un siècle, la température à la surface des océans a souvent augmenté de +1,5 à +2°C dans les zones propices aux cyclones tropicaux, voire +3°C sur le bassin des typhons !

Augmentation de la température moyenne de surface des océans entre 1901 et 2022 - epa.gov

 

 

Les chiffres sont clairs : pour chaque degré supplémentaire, l'atmosphère peut contenir 7% de vapeur d'eau en plus. C'est donc en toute logique que le réchauffement climatique contribue à augmenter l'intensité des cyclones tropicaux puis la vapeur d'eau est leur carburant. Une fois constitués, les cyclones s'en nourrissent et se renforcent plus facilement que dans le passé, parfois même à une vitesse très impressionnante.

Pour chaque degré en plus, c'est 7% de vapeur d'eau en plus dans l'atmosphère

 

 

D'ailleurs, l'intensification des cyclones tropicaux est parfois tellement rapide qu'elle donne le tournis aux modèles de prévisions. On peut noter l'exemple de l'ouragan Otis qui avait dévasté Acapulco au Mexique il y a 2 ans. Fin octobre 2023, il était passé d'une simple tempête tropicale à un ouragan surpuissant de catégorie 5 en l'espace de 18 heures seulement ! Dans l'histoire, seul le terrible ouragan Patricia en 2015 s'était intensifié (un peu) plus rapidement. Cette intensification express avait été largement sous-estimée par les modèles. Il avait donc été très difficile de prévenir la population de l'intensité du phénomène qui les attendait...

Intensification très rapide de l'ouragan Otis les 24 et 25 octobre 2023 – via Dr. Kim Wood

 

Auteur : Alexandre Slowik

Photo de Guillaume SECHETHistoire du site Météo Grenoble