L'éruption majeure d'un volcan peut-elle refroidir le climat ?

Les plus grandes éruptions volcaniques sont susceptibles de refroidir le climat terrestre. Cela s'est produit plusieurs fois au cours des derniers siècles. Toutefois, la baisse des températures n'est que temporaire.

 

Éruption volcanique : un refroidissement temporaire

 

La majeure partie des éruptions volcaniques n'ont pas réellement de conséquences sur le climat. Seules les éruptions majeures des volcans les plus puissants peuvent avoir des conséquences. Il faut que les cendres soient projetées très haut, au point d'atteindre la stratosphère (vers 12 km d'altitude). Le mécanisme est alors simple. Une éruption volcanique majeure libère d'énormes quantités de cendres et de soufre jusqu'à très haute altitude. Une fois dans la stratosphère, ces derniers se transforment en aérosols et peuvent alors persister durant 1 à 3 ans. En absorbant et réfléchissant une partie du rayonnement solaire, ils conduisent à une baisse de la température moyenne que l'on appelle parfois "hiver volcanique", se traduisant par des hivers plus rigoureux et des étés frais sur toute la planète.

 

Schéma du refroidissement climatique engendré par une violente éruption volcanique - Météo Villes

 

 

Les exemples passés ne manquent pas. Sur cette courbe qui montre l'évolution de la température mondiale depuis près de trois siècles, on identifie clairement les multiples baisses temporaires du thermomètre associées aux éruptions volcaniques les plus marquantes. La plus récente est celle du Pinatubo en 1991 mais d'autres plus anciennes ont engendré des baisses plus marquantes, comme le Tambora en 1815 ou le Laki en 1783. Pour autant, on constate que la température retrouve ses niveaux d'avant-éruption au bout de quelques années seulement, lorsque les aérosols volcaniques se dissipent.

 

Évolution de la température mondiale de 1750 à 2025 ave conséquences des éruptions volcaniques majeures - via Berkeley Earth

 

 

Tambora et Laki : les cas les plus marquants

 

En Indonésie, l'éruption du Tambora en avril 1815 est connue comme étant la deuxième plus puissante du millénaire (après celle du Samalas en 1257) ! Les retombées de cendres s'étendent jusqu'à 1.300 km et certaines estimations évoquent plus de 90.000 morts ! Le Tambora dégage des quantités astronomiques de cendres et de soufre dans la haute atmosphère. Un hiver volcanique s'installe, notamment en 1816 qui sera qualifiée "d'année sans été" un peu partout dans le monde ! On observe alors de la neige en plaine jusqu'en juin en Amérique du Nord et les températures sont automnales en plein été en Europe. Le rendement des cultures est désastreux et de nombreuses famines se développent, jusqu'en France. On estime qu'elles auraient fait plus de 200.000 victimes sur Terre !

 

Représentation de l'éruption du Tambora en 1815 et photo récente du volcan - via Frederic Church & Wikipédia

 

 

Le 8 juin 1783, le Laki entre en éruption en Islande. Il ne s'agit pas d'un volcan classique mais d'une véritable fissure volcanique longue de 27 kilomètres et comportant 115 cratères ! Des retombées de cendres sont observées jusqu'au Royaume-Uni. Cette éruption est notamment marquante par sa durée (8 mois), rejetant des quantités monstrueuses de dioxyde de soufre dans l'atmosphère. Avec autant de rejet de soufre, le climat se refroidit durant près d'une dizaine d'années ! Hivers rigoureux et étés très frais s'enchaînent, causant des famines dans toute l'Europe. De nombreux historiens s'accordent d'ailleurs à dire que les conséquences de l'éruption du Laki ont encouragé la population française à la Révolution en 1789, après plusieurs années de pauvreté, de faim et de maladie.

 

Vue récente de l'intérieur de la fissure volcanique du Laki en Islande - via Wikipédia

 

Malgré tout, la baisse de la température mondiale engendré par une éruption volcanique majeure est toujours de courte durée, durant 1 à 3 ans en général (jusqu'à 10 ans pour le Laki car l'éruption a duré 8 mois). Il ne faut donc pas compter sur les volcans pour solutionner le réchauffement climatique.

 

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Auteur : Alexandre Slowik